mercredi 24 octobre 2007

Détresse inutile

Dans le chaos d’une campagne sordide, le glas sonne. On met en terre une jeune fille en fleurs… Dans la douleur d’une adolescence périmée, elle s’est privée de sa vie. Anarchie et désordre ont meublé ses loisirs d’enfant, tristesse et espoirs déchus ses jeunes années, pour d’autres pourtant si profiteuses. Jamais son sourire lui a permis d’être enjôleuse, jamais ses yeux n’ont pétillé sans que ça ne soient d’amères larmes. Elle a tant pleuré d’attentes inachevées, elle aurait tant aimé vivre sans que tout lui soit interdit. Désabusée, désillusionnée, elle a flanché. Telle une offrande, elle a payé de son sang, de tout son sang, pour aller voir si ce n’était pas au-delà qu’elle était attendue. Avec le courage d’un fantôme effacé, elle a brisé les liens qui la reliaient à cette vie indésirée. À quoi bon poursuivre quand on a rien commencé. Elle a cru qu’il valait mieux se retirer. Parce que la vie ne l’a pas gâtée, peut-être la mort lui fera-t-elle justice ? Sans doute que pousseront le croquias sur sa sépulture, mais peut-être aussi fleurira le muguet à chaque printemps pour rappeler qu’une jeune fille en fleurs, qui se retire dans la fleur de l’âge ne s’efface jamais sans laisser un peu de beauté sur son passage. Pleurons-la et servons-nous de cette leçon pour ne jamais abandonner une demoiselle en détresse seule avec ses démons…

Terrible sort

En plein cœur d’un cauchemar hivernal, il négocie tranquillement avec la solitude qui lui tient compagnie. Tous les deux réunis autour d’un comptoir de bar sordide, ils se complaisent dans leur position respective. Lui, parce qu’il n’a envie de s’ouvrir à personne, elle, parce qu’elle joue le rôle de sa vie. S’ils rigolent parfois ensemble de ce qui lui arrive, ils en pleurent plus souvent parce que bien positionnés dans leurs sentiments, il est quand même lourd de ne partager qu’avec soi-même à certaines occasions. Lui qui s’est meublé de silence est tombé fou amoureux d’elle, mais voici qu’elle, elle veut s’éloigner. Quelqu’un d’autre hante sa béatitude, un autre esseulé a besoin de sa compagnie. Lui est en voie de cesser d’être seul, lui est en voie de s’ouvrir, lui est en voie de sourire à nouveau. Il a peur, il tremble sur son coin de bar sordide, sentant la séparation imminente. Il la regarde, elle ne le voit plus. Son regard brille puisqu’elle sera plus utile ailleurs. La fins de leurs amours est sonnée, elle part sans se retourner et lui, lui ne la voit déjà plus. Malgré ses craintes, il n’a plus le choix, il doit regarder en face et accepter son terrible sort, il n’est plus seul.